L’assainissement collectif

Après usage, l’eau devient une « eau usée », c’est-à-dire une eau non potable riche en matières organiques. Pour pouvoir être rejetées dans le milieu naturel sans provoquer de pollution ni de désordre sanitaire, les eaux usées doivent être préalablement collectées et traitées. C’est ce qu’on appelle l’assainissement.

Cet assainissement peut être de deux types : collectif ou non collectif. On parle d’assainissement collectif (AC) quand les eaux usées des foyers rejoignent un réseau public de collecte et sont acheminées vers une station de traitement des eaux usées, où elles sont traitées avant rejet dans le milieu naturel.

Dans tous les autres cas, on parle d’assainissement non collectif (ANC). Sous ce terme on regroupe :

  • l’assainissement individuel des habitations non raccordées à un réseau de collecte, qui doivent disposer de leur propre système de traitement des eaux usées à la parcelle ;
  • l’assainissement non collectif groupé, avec des ministations et des réseaux de collecte privés, qui peuvent notamment équiper des résidences ou des lotissements.
Les deux types d’assainissement existants (source : ccloise.com)

En moyenne, plus de 4 guadeloupéens sur 10 vivent au sein d’une zone raccordée à un système d’assainissement collectif.

Répartition de la population en fonction du type d’assainissement (sources : SISPEA et Office de l’Eau)

Lire l’article sur les réhabilitations en assainissement accompagnées par l’Office de l’Eau depuis 2018

Lire l’article sur le lancement des schémas directeurs du SMGEAG

L’assainissement collectif

Les stations de traitement des eaux usées sont caractérisées par leur capacité épuratoire, appelée « capacité nominale », qui correspond aux débits et aux charges d’effluents à traiter pour une utilisation maximum de l’installation. Elle est évaluée en équivalent-habitant (EH), qui est une unité de mesure se basant sur la quantité de pollution émise par une personne en un jour.

Les infrastructures AC

Le tableau suivant présente une synthèse par territoire de gestion des principales infrastructures d’assainissement collectif en 2021.

Principales infrastructures d’assainissement collectif par territoire de gestion en 2021 (sources : SISPEA, RAD/RPQS RPQS et Outil WebSIG des infrastructures)

Conformité réglementaire des stations de traitement des eaux usées

Chaque année, la conformité des principales stations de traitement des eaux usées est examinée par la DEAL, qui assure la police de l’eau en la matière. Les stations sont classées non conformes si elles ne respectent pas la réglementation nationale ou les prescriptions de leur autorisation préfectorale.

La conformité locale globale des stations comprend à la fois :

  • la conformité en équipement, qui permet d’évaluer la conformité des équipements épuratoires des stations au regard des dispositions réglementaires ;
  • la conformité en performance, qui permet d’évaluer les performances épuratoires des stations, à partir des données d’autosurveillance des exploitants et au regard des exigences réglementaires. À noter que l’absence ou l’insuffisance de mesures de surveillance par l’exploitant sont considérées comme une cause de non-conformité.

En Guadeloupe, les stations d’épuration collectives sont réparties sur tout le territoire. Parmi celles-ci, 18 ont une capacité nominale supérieure ou égale à 2 000 EH.

La carte ci-dessous présente la conformité locale globale des systèmes de traitement des eaux usées d’une capacité ≥ 2 000 EH à la fin de l’année 2020 :

Situation de conformité locale globale des stations de traitement des eaux usées ≥ 2000 EH au 31 décembre 2020 (source : DEAL)

Pour l’année 2021, 78 % des systèmes d’assainissement ≥ 2 000 EH n’étaient pas conformes réglementairement. Ils étaient 72 % en 2020 et 2019, 67 % en 2018 et 61 % en 2017.

Évolution des conformités locales globales des systèmes de traitement des eaux usées ≥ 2000 EH entre 2017 et 2021 – vert : conforme ; rouge : non conforme (source : DEAL)

Cette situation est due, selon les cas, à une exploitation défaillante, à des incidents ponctuels ou à la vétusté de certains ouvrages. Ces dysfonctionnements ont des conséquences néfastes et particulièrement alarmantes sur l’état environnemental des eaux littorales (une des causes principales supposée de la dégradation des récifs coralliens).

Lire l’article sur l’autosurveillance des stations de plus de 2 000 EH

Lire l’article sur les zones d’actions prioritaires sur l’assainissement collectif pour la protection des milieux aquatiques

Indice de connaissance et de gestion patrimoniale des réseaux de collecte des eaux usées

L’indice de connaissance et de gestion patrimoniale des réseaux de collecte et des branchements des eaux usées est un indicateur SISPEA noté sur 120 points. Il permet d’évaluer le niveau de connaissance du réseau et de ses branchements ainsi que l’existence d’une politique de renouvellement pluriannuelle du service d’assainissement collectif.

La carte suivante présente la valeur de cet indice sur les différents territoires de Guadeloupe :

Indice de connaissance et de gestion patrimoniale des réseaux de collecte des eaux usées en 2020 (source : SISPEA)

Par rapport à l’année 2019, on relève une nette progression de la valeur de l’indice sur les territoires de la CCMG (+ 33 points), de CAPEX (+ 17 points) ainsi que sur Bouillante / Vieux-Habitants (+ 11 points).

La moyenne de cet indicateur sur l’ensemble du territoire est de 35 points en 2021. Cette note est fortement impactée par un manque de connaissance sur l’âge des canalisations d’eaux usées, donnée qui fait principalement défaut. Pour information, la moyenne au niveau national sur cette même année est évaluée à 64 points (dernier rapport annuel SISPEA).

État des réseaux de collecte

Les réseaux de collecte les plus anciens de Guadeloupe sont, dans leur grande majorité, en mauvais état. De fait, ils récupèrent d’importantes quantités d’eaux claires parasites (fuites d’eau potable, eaux de nappe, eaux marines ou eaux de pluie). Les eaux usées qui arrivent aux stations de traitement sont alors fortement diluées, ce qui engendre :

  • des dysfonctionnements lors du traitement ;
  • une augmentation des coûts d’exploitation ;
  • des dépassements de la capacité hydraulique des ouvrages existants,  occasionnant des rejets directs dans le milieu naturel (qui peuvent eux-mêmes engendrer des problèmes environnementaux et sanitaires) ;
  • un possible surdimensionnement lors de la construction d’ouvrages neufs, qui seront alors plus chers à entretenir.

Par conséquent, la suppression des eaux claires parasites est une priorité dans la réhabilitation des réseaux de collecte.