Expertise eau potable

En 2018, une expertise technique a été confiée à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE, ex IRSTEA), avec l’objectif de limiter les pertes physiques du réseau d’eau potable et ainsi permettre la remise en pression de ce dernier.

Cette mission s’est déroulée en deux temps. Elle a tout d’abord consisté à réaliser une expertise des travaux inscrits au Plan d’Actions Prioritaires, avant de s’attacher à définir les priorités techniques et méthodologiques dans la perspective d’une amélioration de la distribution.

Évaluation du PAP au regard de l’objectif de fin des tours d’eau

L’INRAE montre que les seuls travaux prévus au PAP ne suffiront pas à mettre fin aux tours d’eau si aucune action massive et immédiate n’est entreprise pour réparer les fuites sur le réseau. La réduction des fuites est en effet considérée comme la clé de voûte de la sortie de crise.

Les actions du PAP qui contribuent à la réduction des pertes représentent 69 % de l’investissement total (Figure 44) et correspondent essentiellement au renouvellement de 78 km de canalisations et de leurs branchements (hors CCMG). Les 31 % restants correspondent à des actions ayant un intérêt plus localisé.

Avec ce plan, le gain potentiel est de 7,5 Mm3. Cependant, la réduction des pertes nécessaire pour atteindre l’objectif de fin des pénuries est estimée à 10 Mm3/an (27 400 m3/j). Des actions de luttes supplémentaires contre les pertes sont donc indispensables.

Propositions techniques et mises en œuvre

La lutte contre les pertes physiques doit s’appuyer sur 4 piliers :

  1. La connaissance du réseau et de son fonctionnement ;
  2. La recherche active des fuites et leur réparation ;
  3. La gestion des pressions ;
  4. Le renouvellement des conduites et des branchements.

L’INRAE a formulé des propositions techniques et méthodologiques qui ont vocation à servir de base pour orienter, adapter et articuler le Plan d’Actions Prioritaires et les mesures complémentaires de réduction des pertes qui relèvent des contrats de progrès (Plan Eau Dom). Plusieurs actions coordonnées entre tous les acteurs concernés sont en cours pour mettre en œuvre ces recommandations.

Réalisation d’un inventaire des infrastructures d’eau potable

Une étude de cartographie des infrastructures d’eau potable et d’assainissement, a été pilotée par l’Office de l’Eau entre 2019 et 2022. Elle aura permis d’améliorer significativement la connaissance du patrimoine. Toutes les données collectées durant cette étude ont été centralisées au sein d’un outil qui a été mis à la disposition du nouveau Syndicat Mixte de Gestion de l’Eau et de l’Assainissement de Guadeloupe.

Mise en œuvre d’un plan d’action de réduction des pertes sur des zones de distribution prioritaires

L’INRAE préconise d’adopter une approche progressive et pragmatique par zones de distribution (ZD, délimitées selon la logique technique du réseau, la réalité du terrain, des territoires et l’origine de la ressource). En effet, si les efforts de réduction des fuites sont dispersés, les effets seront difficilement mesurables et il sera difficile d’en assurer la pérennité.

Le pré-diagnostic que le Conseil Régional a fait réaliser par ARTELIA en 2019 a permis de définir et de hiérarchiser ces zones.

Hiérarchisation des zones d’intervention prioritaires (source : ARTELIA, 2019)

Les recherches de fuites doivent être menées en priorité sur les zones de distribution où les volumes gagnables sont les plus importants, à savoir celles appartenant aux zones d’adduction (ZA, zones d’influence des unités de production et des feeders) déficitaires.

Suite à cette étude, une mission d’Eau de Paris (Rapport de mission, Eau de Paris, 2019) a été réalisée en Guadeloupe. Cette dernière estime qu’il faut traiter au minimum 5 Mm3 supplémentaires par rapport aux gains réels que permettront les actions du PAP. Leur proposition est d’agir en priorité sur 25 ZD répartis sur les territoires de la CAGSC, du SIAEAG et d’ODEX, qui équivalent à une perte cumulée de l’ordre de 8 Mm3/an.

Maîtrise du fonctionnement des feeders

Les feeders ont un rôle stratégique très important pour l’alimentation en eau potable de la Guadeloupe, et la maîtrise de leur fonctionnement est primordiale pour une gestion optimale de l’eau sur le territoire.

Le Conseil Régional a engagé en 2019 une étude visant à bien appréhender le fonctionnement du principal feeder eau potable (feeder Belle-Eau-Cadeau). Cette étude, réalisée par SUEZ (ex SAFEGE), aboutira à des préconisations en matière d’équipements et d’aménagements complémentaires nécessaires pour optimiser et améliorer le fonctionnement du feeder. Cela permettra, par conséquent, d’améliorer la connaissance du fonctionnement de cette conduite stratégique et ainsi d’améliorer l’accès à l’eau sur toutes les zones qu’elle dessert.

Les opérations d’accélération

Initié en 2019 par l’Office de l’Eau avec la collaboration de l’Office International de l’Eau et le cabinet comptable et financier international Ernst & Young, un accompagnement dédié de chaque service d’eau et d’assainissement a été mis en place. Les objectifs de ce soutien étaient de :

  • développer des expertises en lien avec les exploitants pour répondre rapidement à leurs besoins ;
  • renforcer les niveaux d’expertise opérationnelle des équipes en place dans les domaines de détection des fuites et de la maintenance des équipements (eau et assainissement) ;
  • identifier les solutions qui permettaient d’aboutir à un modèle économique viable.

Au total, ce sont plus d’une vingtaine d’opérations qui ont été réalisées, avec notamment :

  • la formation des agents à la recherche de fuites ;
  • l’optimisation du fonctionnement des unités de production ;
  • le diagnostic de l’état fonctionnel des stations d’épuration ;
  • l’amélioration de la gestion des bases de données usagers de certains exploitants ;
  • l’aide à la mise en œuvre d’un nouvel outil de facturation pour l’assainissement collectif (PFAC – Participation pour le Financement de l’Assainissement Collectif) ;
  • l’analyse de l’exécution des délégations de service public (DSP).

Un modèle économique de la future structure unique de l’eau a également été présenté, assorti d’un état des dettes et des recommandations suivantes :

  • une tarification socialement acceptable pour les usagers ;
  • l’identification des solutions permettant d’atteindre l’équilibre des comptes d’une future structure unique ;
  • le maintien des effectifs des services eau et assainissement du territoire.

Un état des lieux de ces effectifs a été présenté avec des trajectoires possibles d’exploitation d’une future structure unique.