Constat et objectifs

Le service public de l’eau potable en Guadeloupe est en situation de crise, avec une multiplication des tours d’eau et des coupures. Cette crise de l’eau n’est pas le fruit d’une insuffisance de la ressource, mais la conséquence d’une accumulation de difficultés (Audit sur l’eau potable en Guadeloupe, CGEDD/IGA/IGF, 2018) :

  • le réseau de distribution en Guadeloupe est vétuste et mal entretenu, avec des pertes d’eau qui peuvent atteindre plus de 60 % à cause des fuites ;
  • le réseau de distribution est mal connu, ce qui nuit à la planification d’actions efficaces en termes d’investissement ;
  • les budgets des services d’eau et d’assainissement des collectivités locales et des exploitants sont exsangues car ils doivent supporter des charges élevées (notamment salariales) et ne disposent pas toujours de recettes suffisantes à cause de dysfonctionnements dans le comptage et la facturation, et d’un taux d’impayés élevé ;
  • l’organisation des compétences en matière d’eau ne répond ni à une logique hydraulique, ni à une logique d’exploitation efficace.
Unité de potabilisation

L’objectif aujourd’hui est de rétablir un service d’eau potable satisfaisant tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif. Pour mettre fin de façon durable aux tours d’eau et aux pénuries, la distribution de l’eau doit être améliorée. Pour cela, les principaux leviers à actionner sont les suivants (Expertise « eau potable en Guadeloupe », IRSTEA, 2018) :

  • la réduction des pertes physiques du réseau public ;
  • l’optimisation du fonctionnement hydraulique des réseaux (pressions, stockages) ;
  • la réduction des pertes apparentes (comptage fiable et exhaustif des volumes consommés) ;
  • la lutte contre le gaspillage et les fuites après compteur (facturation et mesures incitatives) ;
  • la rationalisation des consommations (réducteurs de pressions, matériel hydro-économe, communication vers les usagers) ;
  • la sécurisation des capacités de production ;
  • la diversification des ressources et la mise en place d’interconnexions.

La réduction des pertes apparaît essentielle. En effet, seulement 38% de l’eau prélevée pour l’alimentation en eau potable sur l’ensemble de la Guadeloupe arrivent jusqu’au robinet des usagers. Le restant est essentiellement perdu par des pertes physiques dans les réseaux de distribution ou par des pertes apparentes.

Synthèse sur l’utilisation de l’eau en Guadeloupe en 2018 (source : Office de l’Eau)