Les prélèvements

Prélèvements et usages de l’eau

En 2020, 104,4 millions de mètres cubes (Mm3) d’eau ont été déclarés prélevés à l’échelle de la Guadeloupe (pour rappel, 1 mètre cube équivaut à 1 000 litres). Ces prélèvements sont rattachés à différents usages de l’eau, qui se répartissent de la manière suivante :

Répartition des prélèvements d’eau par usage en 2020 (source : Office de l’Eau)

Les prélèvements pour la production d’énergie renouvelable n’ont pas été pris en compte faute de données, tout comme les prélèvements sauvages, qui ne seraient pas à négliger, mais pour lesquels il n’y a pas encore de visibilité.

À l’échelle communale, la répartition de ces prélèvements se présente de la manière suivante :

Répartition des prélèvements d’eau par usage et par commune en 2020 (source : Office de l’Eau)

La figure suivante présente l’évolution des prélèvements effectués depuis 2013 sur l’ensemble du territoire pour les différents usages de l’eau :

Évolution des prélèvements d’eau par usage entre 2013 et 2020 (source : Office de l’Eau)

On peut constater une augmentation continue du volume d’eau prélevé dans le milieu naturel (de l’ordre de 2 % par an jusqu’en 2018, puis de 4 et 6 % entre 2018 et 2020). Depuis 2016, cette augmentation est fortement corrélée à celle des prélèvements pour la production d’eau potable, bien que dans le même temps la population guadeloupéenne n’ait cessé de diminuer. Ces volumes d’eau supplémentaires sont en réalité prélevés pour tenter de compenser les pertes d’un réseau de distribution défaillant. Ces prélèvements d’eau, bien supérieurs aux besoins à satisfaire, constituent une pression de plus en plus importante sur les milieux aquatiques. À ce titre, l’intensification des travaux de restauration des réseaux et de réparation de fuites est une nécessité primordiale.

En ce qui concerne plus spécifiquement l’année 2020, une partie de la hausse des prélèvements pour la production d’eau potable peut également être expliquée par la pandémie de Covid-19. En effet, les mesures de confinement imposé durant le carême (du 17 mars au 11 mai 2020 non inclus) ont entraîné une augmentation de la demande en eau pour la consommation domestique.

En 2020, 4,2 Mm3 supplémentaire par rapport à 2019 ont été prélevés pour l’alimentation en eau potable. Une augmentation des prélèvements de 1,4 Mm3 a également été opérée pour l’irrigation, en réponse à des besoins en eau plus importants causés par une sécheresse plus longue que l’année précédente.

Lire l’article sur les prélèvements opérés par le Conseil Départemental de Guadeloupe

Lire l’article sur la réhabilitation de mares à Marie-Galante

Prélèvements pour l’alimentation en eau potable (AEP)

86,6 Mm3 ont été prélevés en 2020 pour la production d’eau potable. La ressource en eau superficielle est considérablement mise à contribution (Figure 21). Les eaux de surface proviennent exclusivement de la Basse-Terre, où les prélèvements sont complétés par des eaux de source. En Grande-Terre et à Marie-Galante, seules des eaux souterraines sont captées.

Origine superficielle (ESU) ou souterraine (ESO) des volumes d’eau prélevés pour l’AEP en 2020 (source : Office de l’Eau)

Du fait de l’abondance de sa ressource en eau directement disponible (rivières et sources), les eaux de la Basse-Terre sont donc très largement mobilisées.

Provenance des volumes d’eau prélevés pour l’AEP en 2020 (source : Office de l’Eau)

La majorité de l’eau destinée à l’AEP est prélevée sur la côte au vent (considérée comme le château d’eau de la Guadeloupe), notamment à Petit-Bourg et à Capesterre-Belle-Eau. Cette eau sert à alimenter l’ensemble du territoire guadeloupéen via d’importantes infrastructures de transfert d’eau potable : les feeders. Ces infrastructures sont complétées par d’importantes conduites d’adduction d’eau brute (eau non potable) du Conseil Départemental et de Cap Excellence, pour lesquelles l’eau est potabilisée avant sa distribution.

Volumes prélevés pour l’AEP à l’échelle communale en 2020 et localisation des grandes infrastructures de transfert d’eau (source : Office de l’Eau)

Au total, près de 71 % de l’eau prélevée pour l’AEP en Guadeloupe transitent par ces grandes infrastructures de transfert d’eau. La figure suivante présente les volumes d’eau transférés depuis leurs captages par chaque type de feeder :

Volumes exportés pour l’AEP par les grandes infrastructures de transfert d’eau en 2020 (source : Office de l’Eau)

Il est à noter que le réseau d’eau du Conseil Départemental délivre de l’eau brute à l’usine de production d’eau potable (UPEP) de Deshauteurs (Sainte-Anne), qui réinjecte par la suite 9,2 Mm3 d’eau potable dans le feeder Belle-Eau-Cadeau. Ainsi, ce sont en fait près de 40,5 Mm3 d’eau qui transitent au total dans les feeders eau potable.

La figure suivante présente l’évolution des prélèvements pour l’AEP à l’échelle communale entre 2019 et 2020 :

Évolution des prélèvements pour l’AEP à l’échelle communale entre 2019 et 2020 (source : Office de l’Eau)

Ainsi, en 2020, on relève une diminution importante du volume prélevé sur la commune de Sainte-Rose (de 0,8 Mm3), qui s’explique par une baisse importante des niveaux d’eau dans les rivières, en lien avec la persistance d’une sécheresse importante durant le carême. Les captages de Solitude – Desbonnes et de Sofaïa ont été particulièrement impactés. Il en est de même pour le captage de Cacao, qui n’a pu compenser les volumes anciennement prélevés pour l’alimentation de l’UPEP de Léotard (fermée fin 2019).

On relève également une baisse de 0,4 Mm3 sur la commune de Capesterre-Belle-Eau, où là aussi la sécheresse prononcée pendant le carême a impacté le débit des sources captées de Belle-Eau-Cadeau, sensibles aux déficits pluviométriques.

À l’inverse, les prélèvements sur Petit-Bourg ont largement augmenté, avec 0,7 Mm3 de plus prélevés par le SIAEAG et 4,2 Mm3 de plus prélevés par le Conseil Départemental. Pour ce dernier, ces volumes supplémentaires ont servi à améliorer la distribution d’eau potable en Grande-Terre, en alimentant en eau brute :

  • la nouvelle UPEP de Perrin, mise en service sur le 2ème semestre 2019 ;
  • l’UPEP de Deshauteurs (Sainte-Anne), qui grâce aux nouvelles pompes installées à la station de pompage de l’Espérance (Morne-à-l’Eau), a pu augmenter son alimentation en eau brute et donc sa production d’eau potable.

Enfin, à Goyave, le captage de Moreau (exploité par le Conseil Départemental) qui avait été moins sollicité en 2019 en raison d’une ressource moins disponible, a retrouvé son niveau d’exploitation. Il en est de même pour les prélèvements d’eau effectués sur la commune de Baillif, avec la montée en puissance de l’UPEP de Montval suite à la fermeture de l’UPEP de Bovis en 2019.

Lire l’article sur la caractérisation des sources hors AEP utilisées par la population