La qualité de l’eau potable

Le contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine

L’eau est considérée comme potable lorsqu’elle peut être consommée sans risque pour la santé. Sa qualité doit répondre à des normes sanitaires et techniques définies par la réglementation. Cette dernière fixe notamment :

  • les limites de qualité à ne pas dépasser pour les substances nocives ;
  • les références de qualité pour les paramètres qui peuvent mettre en évidence un dysfonctionnement des installations de traitement ou être à l’origine d’inconfort ou de désagrément pour le consommateur.

Le contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine est assuré par l’Agence Régionale de Santé (ARS) et s’ajoute à l’obligation réglementaire de surveillance permanente de la qualité de l’eau par l’exploitant. Ce contrôle a notamment pour but de s’assurer que les eaux sont conformes aux exigences de qualité réglementaires et qu’elles ne présentent pas de risque pour la santé des consommateurs.

Lors d’un dépassement d’une limite de qualité, l’exploitant doit mettre en œuvre les mesures correctives nécessaires, informer la population et, s’il y a lieu (au regard de la gestion du risque), appliquer les restrictions d’usage de l’eau édictées par l’ARS.

Les analyses effectuées dans le cadre du contrôle sanitaire sont réalisées à trois niveaux :

  • sur les captages, pour évaluer la qualité de l’eau brute, suivre son évolution au cours du temps et mettre en œuvre une adaptation du traitement si nécessaire ;
  • à la sortie des unités de potabilisation, pour s’assurer de la bonne mise en œuvre du traitement et la gestion des installations. En sortie d’usine, l’eau doit pouvoir être consommée ;
  • au robinet des consommateurs, pour identifier une dégradation éventuelle de la qualité des eaux durant le transport dans le réseau de distribution.

Le contrôle sanitaire comprend l’analyse de paramètres bactériologiques, physico-chimiques et radiologiques (radioactivité naturelle de l’eau). Un échantillon prélevé au niveau d’un captage peut comprendre l’analyse de 150 à 250 paramètres, et un échantillon en sortie d’usine ou en distribution de 60 à 150 paramètres

La fréquence d’analyse, définie elle aussi par la réglementation, est fonction des quantités d’eau prélevées dans le milieu naturel, de la vulnérabilité de la ressource, du débit d’eau potable produit et du nombre de personnes alimentées par le réseau de distribution.

En Guadeloupe, le contrôle sanitaire est renforcé par 2 arrêtés préfectoraux. Ainsi, la réglementation locale prévoit une fréquence d’analyse au niveau des captages cinq à douze fois plus élevée que ce que prévoit la réglementation nationale. De plus, les fréquences d’analyse des installations concernées par la problématique chlordécone sont également deux à six fois supérieures à celles imposées par la réglementation nationale.

Lorsque l’on parle de la qualité de l’eau du robinet des usagers, il est préférable de raisonner en termes d’unité de distribution (UDI) lorsque cela est possible. L’UDI représente le réseau dans lequel la qualité de l’eau est réputée homogène. La distribution de l’eau en Guadeloupe est organisée en 65 UDI qui peuvent être alimentées par un ou plusieurs captages, et par une ou plusieurs usines de potabilisation.

En 2021, l’ARS a réalisé 1347 prélèvements dans le cadre du contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine, qui viennent s’ajouter aux analyses d’autosurveillance qui doivent être réalisées par les exploitants.

Nombre de prélèvements réalisés par l’ARS dans le cadre du contrôle sanitaire 2021 (source : ARS)

Le contrôle sanitaire dans les unités de traitement

Parmi les paramètres analysés, les valeurs de turbidité (inverse de la transparence) et le taux d’aluminium permettent d’obtenir rapidement un indicateur de la qualité du traitement de l’eau dans les unités de production d’eau potable (UPEP).

Turbidité

La turbidité est la mesure de l’aspect plus ou moins trouble de l’eau, provoqué par la présence de particules en suspension. Il s’agit d’une référence de qualité qui peut avoir une incidence directe sur la qualité bactériologique de l’eau.

La turbidité peut être due :

  • à la mauvaise qualité de l’eau brute ;
  • à un mauvais traitement ;
  • au remaniement de sédiments et/ou de biofilms dans les réseaux de distribution ;
  • à l’intrusion d’eau souillée dans les réseaux par des fissures, ou à cause d’autres déficiences.

Les fortes précipitations ont pour conséquence une augmentation de la turbidité dans les rivières, avec parfois des pics très élevés. Le traitement de l’eau ne permet pas toujours d’abattre la turbidité durant ces évènements.

La carte suivante présente les fréquences de dépassement de la référence de qualité de la turbidité en sortie d’UPEP en 2021 :

La turbidité des eaux en sortie des unités de production d’eau potable en 2021 (source : ARS)

En 2021, le nombre total de dépassements constatés de la référence de qualité pour ce paramètre était de 42 contre 36 en 2020, 37en 2019 et 36 en 2018. Les dépassements ont concerné 32 % des stations de traitement (40% en 2020 et 38 % en 2019 et en 2018).

Aluminium

L’aluminium est un élément naturellement présent dans les sols et les sous-sols de la Basse-Terre. Il est également utilisé sous forme de sels dans certaines unités de potabilisation pour agréger les particules en suspension dans l’eau avant filtration et désinfection. La présence de l’aluminium dans l’eau de consommation peut donc être d’origine naturelle, ou indiquer un dysfonctionnement ou une utilisation excessive de cet élément lors du traitement de l’eau.

La carte suivante présente les fréquences de dépassement de la référence de qualité de l’aluminium en sortie d’UPEP en 2021 :

L’aluminium en sortie des unités de production d’eau potable en 2021 (source : ARS)

En 2021,le nombre total de dépassements constatés de la référence de qualité pour ce paramètre était de 13, contre 10 en 2020,15en 2019 et 13 en 2018. Les dépassements ont concerné 21 % des unités de traitement (contre 21 % en 2020, 27 % en 2019 et 8 % en 2018).

Pesticides

Sur l’ensemble des pesticides qui ont été analysés à la sortie des unités de potabilisation en 2021, la chlordécone ainsi que le HCH bêta ont présenté de manière ponctuelle des non-conformités au niveau de 3 UPEP :

  • sur l’UPEP de Belle-Terre à Gourbeyre, avec 3 dépassements ponctuels de chlordécone et 1 de HCH bêta ;
  • sur l’UPEP de Gommier à Trois-Rivières, avec 1 dépassement ponctuel de chlordécone ;
  • sur l’UPEP de Belle-Eau-Cadeau à Capesterre-Belle-Eau, avec 1 dépassement ponctuel de chlordécone.

Concernant le nombre de dépassements relevés sur l’UPEP de Belle-Terre, une interdiction de consommation de l’eau avait été prononcée en juin 2021, en réponse à la première non-conformité constatée. La levée de cette interdiction n’a pu intervenir qu’après une opération de remplacement du charbon actif de l’usine. Cette dernière n’a pu être réalisé que suite à la reprise de l’exploitation par le SMGEAG en septembre 2021.

Les pesticides en sortie des unités de production d’eau potable en 2021 (source : ARS)

Entre 2018 et 2021, un total de 13 non-conformités en lien avec les pesticides ont pu être relevées. Ces dernières sont réparties sur 5 UPEP différentes du sud de la Basse-Terre. Pour 2 d’entre elles (l’UPEP de Belle-Terre et celle de Gommier), ces non-conformités interviennent de manière récurrente.

La gestion des dépassements situés entre la limite de qualité (0,1 µg/L) et la valeur sanitaire maximale (1,5 µg/L) est encadrée au niveau national et régional. Elle concerne la gestion unique du risque en fonction des dispositifs mis en œuvre par les collectivités et les exploitants (dérogation, exploitation d’une autre ressource, délai de changement des filtres à charbons actifs, réactivité, …).

Le contrôle sanitaire des eaux de distribution

Bactériologie

L’eau qui est distribuée doit être désinfectée. Pour cela, du chlore est ajouté à l’eau en sortie des unités de potabilisation. Des postes de rechloration peuvent être installés sur le réseau pour maintenir un taux de chlore suffisant et constant tout au long du réseau.

L’absence de bactéries dans l’eau distribuée est liée à la qualité du traitement, mais peut aussi dépendre du bon usage des réseaux de distribution.

Les eaux de surface (qui représentent 80 % de l’eau prélevée en Guadeloupe) sont plus vulnérables à la contamination par des bactéries que les eaux souterraines, notamment à cause du transfert de ces agents pathogènes de la surface du sol aux rivières lors des épisodes de fortes pluies.

Les fréquences de dépassement des limites et références de qualité bactériologique relevées en 2021 sont présentées par UDI sur la carte suivante :

Conformité bactériologique des eaux de distribution par UDI en 2021 (source : ARS)

Sur l’année 2021, 78 % des UDI ont distribué une eau de bonne qualité bactériologique (fréquence de dépassement des limites et références de qualité < 5 %). 54 % étaient même exemptes de non-conformité.

Les non-conformités les plus fréquentes sont constatées sur les UDI de Baillif (11,7 %), du bourg de Anse Bertrand (10,7 %), de la Boucan à Sainte-Rose (10,4 %) et enfin de Palmiste à Gourbeyre (10,0 %).

Globalement, à l’échelle de la Guadeloupe, la qualité de l’eau du robinet en 2021 peut être considérée comme bonne puisque 97,9 % des eaux respectent les limites et références de qualité pour les bactéries (Escherichia coli, entérocoques, coliformes et bactéries sulfito-réductrices). En 2020, 97,5 % des eaux les respectaient. Elles étaient 96,6 % en 2019 et 91 % en 2018.

Synthèse du contrôle sanitaire 2021

La figure suivante présente la synthèse des taux de conformité relatifs aux paramètres précédemment énoncés pour l’ensemble des analyses réalisées en 2021 en Guadeloupe.

Synthèse du contrôle sanitaire 2021 des eaux destinées à la consommation humaine en Guadeloupe (source : ARS)

Ainsi, les principaux paramètres sujets à des non-conformités sont la turbidité et l’aluminium.

Le détail des non-conformités constatées en 2021 est présenté, par territoire de gestion, dans les tableaux suivants :

Synthèse des non-conformités constatées en 2021 dans les unités de traitement par territoire de gestion (source : ARS)
Synthèse des non-conformités constatées en 2021 dans les eaux de distribution par territoire de gestion (source : ARS)

Maintien de la qualité de l’eau potable

Pour que la consommation d’une ressource en eau soit autorisée, cette dernière doit répondre à des exigences réglementaires en termes de protection et de qualité. Des dispositifs de traitement de l’eau adaptés sont ensuite mis en place.

Le traitement de l’eau peut avoir une influence directe sur la présence d’éléments indésirables dans l’eau de consommation. Il est possible de limiter la turbidité et la présence d’aluminium dans l’eau distribuée en maintenant les usines de production en bon état de fonctionnement et en adaptant finement les traitements. Le dimensionnement adapté des usines est également nécessaire. La mise en place éventuelle de réservoirs tampons d’eaux brutes peut être une solution envisageable pour le traitement lors d’épisodes pluvieux, qui ont des conséquences fortes sur la turbidité de l’eau et la capacité de traitement des usines. Pour les usines devant traiter des eaux brutes contaminées par la chlordécone, la surveillance renforcée (autocontrôle et contrôle sanitaire) et le renouvellement régulier des filtres à charbon actif sont les seuls moyens pour permettre une distribution d’une eau conforme aux exigences réglementaires.

La qualité de l’eau potable de chaque quartier est consultable sur internet via le lien suivant : https://orobnat.sante.gouv.fr.